iH2 – Ivoire Hydrogène est une entreprise de droit ivoirien, spécialisée dans le développement de projets hydrogène, EnR et gaziers en Afrique. L’entreprise s’est donnée comme missions de rendre accessible au plus grand nombre, les bienfaits et les bénéfices d’une énergie propre et durable. En prélude à la Coupe d’Afrique des Nations en janvier 2024 qui se tiendra dans notre pays, la Côte d’Ivoire, iH2 – Ivoire Hydrogène se veut être le partenaire privilégié des écosystèmes hydrogène territoriaux en devenir. C’est à cette thématique que répond dans cette interview, son fondateur, Philibert Dutrieux.
Quelles sont les 10 choses à savoir sur iH2 – IVOIRE HYDROGENE ?
Philibert Dutrieux : Si je devais parler de iH2 – Ivoire Hydrogène en dix points, je dirais :
1- iH2 – Ivoire Hydrogène est une SAS de droit ivoirien, dont le projet fut créé mi 2020 par ma personne. Elle s’est actée juridiquement en novembre 2021 et compte aujourd’hui 10 membres.
2- iH2 a pour mission de démocratiser l’usage de l’hydrogène dans la mobilité, la construction, l’industrie, et l’énergie sur le continent africain.
3- iH2 a lancé en mars dernier le projet iH2 CAP 2023, sujet à la prochaine CAN qui se déroulera début 2024, prévoyant de sensibiliser les différentes populations africaines présente, aux opportunités offertes pas l’hydrogène et aux enjeux de développement durable en profitant de la lucarne médiatique qu’offre cette compétition de renommé pour installer le premier démonstrateur hydrogène de la Côte d’Ivoire.
4- iH2 entrevoit de mettre en place le premier salon dédier à la décarbonation du secteur minier.
5- iH2 prévoit à l’horizon 2025, de déployer des équipements de fonctionnement à l’ammoniac notamment pour le secteur minier.
6- iH2 a pour intention de créer et lancer une enquête auprès des industriels locaux pour mesurer leur acceptabilité des projets hydrogène en Afrique.
7- iH2 est une entreprise engagée, contribuant au développement de l’hydrogène en Afrique dans un intérêt premier sociétale, ayant pour but d’accélérer le processus de transition énergétique verte sur le continent afin d’endiguer la conscience sociale de l’opportunité.
8- iH2 c’est aussi une entreprise offrant un service de conseil et établissant des audits énergétiques pour toutes TPE, PME, ou ETI locales ou internationales le désirant.
9- iH2 est la première entreprise ivoirienne membre du Global Compact des Nations Unies (UNGC), ainsi que l’un des membres pionner de l’association African Hydrogen Partnerships (AHP).
10- iH2 a collaboré dans le cadre de différents projets de recherche et de formation avec : le WASCAL (Centre de Recherche sur l’hydrogène en Afrique de l’Ouest) ; le MAsCIR (Fondation marocaine sujet à la recherche des technologies du futur) ; l’Université Mohammed VI, l’ENSA ; École Nationale des Sciences Appliquées de Khouribga, l’Université de Gabès, l’IREN Institut de Recherche en Energies Renouvelables de l’Université Nangui Abrogoua, l’ESI, l’Ecole Supérieur de l’Industrie de l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INPHB). De plus Plusieurs partenariats sont en cours de formalisation avec des acteurs industriels de référence du secteur de l’hydrogène.
Comment marche l’hydrogène et qui sont les acteurs du marché de ce marché ?
Philibert Dutrieux : L’hydrogène est une énergie renouvelable, dont son utilisation ne cause pas d’émissions de CO2 et pratiquement pas de pollution atmosphérique.
En raison de cela, l’hydrogène est prisée par divers acteurs des secteurs les plus importants et lucratifs de la sphère des échanges internationaux. Ainsi des groupes comme HDF (Français), Euronav (Belges), MRG (Monégasque), et d’autres Grands groupes internationaux utilisent déjà, à toutes fins utiles liées à leurs activités, l’hydrogène pur et/ou sa forme verte.
L’hydrogène représente une alternative viable pour transformer le secteur énergétique en Afrique
Philibert Dutrieux
Quel est l’intérêt du déploiement de l’hydrogène en Afrique ?
Philibert Dutrieux : L’intérêt du déploiement de l’hydrogène en Afrique est tout bénéfique pour sa population dont 40% de celle-ci n’a pas accès à l’Electricité et 70% des engrais qu’elle utilise est importé de l’extérieur. L’hydrogène vert représente une alternative viable pour transformer le secteur énergétique en Afrique car, elle permettrait de répondre à la demande massive d’énergie tout en restant sur la voie de la neutralité carbone.
Son utilisation dans les usages courants, le transport et dans l’industrie qui sont les secteurs les plus émetteurs de GES serait une solution pour les politiques durables de nos états. Certains pays tels que l’Egypte, la Namibie et l’Afrique du Sud l’ont compris et mise beaucoup sur les grands projets de production d’hydrogène et d’ammoniac qu’ils viennent de lancer. Son déploiement sur le continent africain ne peut que croître.
L’hydrogène vert, l’énergie du futur
Quel est le potentiel de l’hydrogène dans les marchés énergétiques africains ?
Philibert Dutrieux : Au vu des aspirations des gouvernements de parvenir à un mix énergétique de leur différent pays afin de contribuer à la diminution de leurs émissions de CO2, l’hydrogène possède un grand avenir pour ne pas dire certain mais doit d’abord vaincre de nombreux obstacles avant de s’imposer.
Obstacles qui sont de différentes natures tant économiques en parlant du modèle économique qui sous-tend le développement de l’hydrogène, Environnementale avec la problématique de l’eau qui fait partir des matières premières de l’hydrogène, qu’au niveau de l’acceptabilité social et bien d’autres.
Cependant, iH2 pense jouer sa partition à ce niveau car son objectif premier est de familiariser les différentes populations africaines au vecteur hydrogène, donner de sa voix dans le projet de loi et code environnement sur le continent.
iH2-ivoire hydrogène a tablé sa stratégie de développement sous la forme d’un engagement citoyen contributif à la vulgarisation et à la formation des intéressés vis-à-vis du vecteur hydrogène et de son développement dans divers secteurs, aussi bien public que privé, présents dans la francophonie ouest-africaine et à l’avenir sur tout le continent.
Quelle est la contribution de iH2 – IVOIRE HYDROGENE au projet du code de l’environnement ?
Philibert Dutrieux : iH2 salue l’adoption prochaine d’un Code de l’environnement à jour des défis de notre temps. iH2 est d’avis que le recours à l’hydrogène bas carbone comme source d’énergie permettra aux acteurs privés, en conformité avec le rôle de promotion de la responsabilité sociale qui leur incombe conformément à l’article 43 du Projet, de décarboner les procédés industriels dans tous les secteurs.
Afin de faciliter l’adoption de solutions hydrogène dans le secteur minier, IH2 souhaite proposer que soit allouée une partie des taxes prélevées sur les produits miniers au développement de projets hydrogène comme suit :
Le mécanisme d’allocation d’une partie des taxes prélevées sur les produits des activités minières prévu à l’article 40 du Projet de Code de l’environnement pourrait être ajusté de sorte qu’il puisse servir à financer des projets de développement d’hydrogène bas carbone qui permettront d’alimenter en énergie non seulement les sites miniers mais également les territoires alentours.
Nous croyons qu’une telle modification répondrait au double objectif de renforcer (i) la décarbonation des activités minières et (ii) l’acceptabilité des projets miniers par les populations locales avec la promesse d’une électrification des territoires concernés.
Quelles sont les perspectives de l’hydrogène en Afrique ?
Philibert Dutrieux : En premier lieu, dans le domaine agricole l’hydrogène peut servir au développement de plusieurs applications notamment la fabrication d’ammoniac NH3 vert pour la production d’engrais. En effet les pays d’Afrique ont leur économie basée sur l’agriculture et avec le contexte mondial de crise et de changement climatique (appauvrissement des terres), l’importation d’engrais devient une charge financière de plus en plus lourde pour les pays africains.
La cote d’ivoire selon le site Sika finance a vu ses achats d’engrais augmenté de 25% pour une quantité qui a chuté de moitié. L’hydrogène serait donc une solution pour ces états de produire localement de l’engrais à base d’ammoniac dont le process de fabrication est bien connu.
En plus produire cet engrais à partir de H2 vert provenant des énergies renouvelables serait parfait pour décarboniser l’industrie de l’engrais… l’ensemble des fonds d’aide et prêts engagés auprès des partenaires financiers pour augmenter la capacité d’achat d’engrais à l’extérieur pourrait être orienté pour investir dans la solution hydrogène-ammoniac.
En second lieu, l’industrie minière est l’une des plus polluante même si l’Afrique reste loin derrière les grandes puissantes. Il est donc important qu’elle se lance dans une démarche de décarbonisation de ce secteur en réduisant son empreinte carbone et ces couts énergétiques grâce à la combinaison de solution verte comme l’hydrogène. Fortement dépendant du diesel pour l’alimentation électrique de secours, les groupes électrogènes à base d’hydrogène vert pourraient représenter une opportunité.
L’hydrogène est une opportunité pour décarboniser la logistique industrielle
Philibert Dutrieux
Par ailleurs, dans sa politique énergétique notamment avec la démocratisation des énergies renouvelables tels que le solaire avec la construction de centrale solaire, l’Afrique pourrait opter pour l’hydrogène (électrolyseurs PEM) pour produire et stocker l’énergie produite quand on connait la problématique autours des batteries quant à leur durée de vie et leur impact écologique sur l’environnement.
Il faudrait également, noter que l’hydrogène est une opportunité pour décarboniser la logistique industrielle. En effet, il est assez aisé d’utiliser l’hydrogène comme carburant pour les véhicules lourds et légers d’une flotte captive.
Ainsi, un scénario auquel on pourra assister dans un site industriel est l’alimentation des équipements de manutention à partir d’une mini centrale de production d’hydrogène (installé au sein du site même) en l’occurrence un électrolyseur et une station d’hydrogène.
De la nécessité de réduire la consommation d’énergies fossiles
Enfin, face au changement climatique et à la nécessité de réduire la consommation de ressources fossiles, le captage et l’utilisation du carbone est devenue une option des plus importantes pour élargir la gamme des matières premières renouvelables utilisables.
Ainsi Des protéines peuvent être synthétisées à partir de CO2, d’azote, d’hydrogène (H2) et d’eau dans des bioréacteurs. Il peut s’agir par exemple de produire des protéines pour l’alimentation animale ou humaine. En effet, certains microorganismes sont capables de métaboliser l’hydrogène et le CO2, deux sources d’énergie important dans la production de protéines de synthèse. Cela permettra de :
-répondre à la demande d’aliments pour animaux avec une source de protéines
-répondre aux besoins en protéine d’une population de plus en plus croissance qui devrait atteindre les 9 milliards d’habitants en 2040.
-de faire l’économie des terres et de l’eau qui sont excessivement utilisé pour la production de protéine traditionnelle
La COP 27 a refermé ses portes ses avec plusieurs résolutions sur les énergies renouvelables. Que pensez-vous des résolutions concernant l’Hydrogène prises à ce sommet ?
Philibert Dutrieux : La COP 27 s’est refermée avec beaucoup de résolutions mais également d’attentes venant des pays africains qui subissent de plein fouet le réchauffement climatique. Parmi ces recommandations on peut citer la prise d’engagement des pays d’augmenter leur mix énergétique afin de réduire leur empreinte carbone. Et La voie la plus développée et préconisée est celle des énergies renouvelables tel que l’éolienne, le photovoltaïque couplé à l’hydrogène, etc…Dont les coûts d’investissements restent quand même élevés.
C’est ce qui a conduit la Norvège et l’Alliance mondiale pour l’énergie au service des populations et de la planète d’apporter 64 millions de dollars au Fonds pour l’énergie durable en Afrique. Fonds qui servira finalement de projet énergétique vert dont les nouvelles solutions qu’offrent l’hydrogène couplé au photovoltaïque ou en encore la biomasse.
Bien que la question hydrogène ne fut pas primordiale, nous pensons que ces nombreux fonds verts permettront de voir éclore un écosystème à hydrogène durable en Afrique.
L’écologiste, avec le serccom de iH2.