
En Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao et acteur majeur dans la production de café et de beurre de karité, le gouvernement et ses partenaires multiplient les actions pour une transformation du secteur agricole. Au cœur de cette révolution : la traçabilité. Un système qui permet de suivre chaque produit de la plantation jusqu’à l’exportation afin de garantir la transparence tout au long de la chaîne d’approvisionnement.
Café, Cacao, karité : traçabilité et qualité au cœur des priorités
Dans le secteur du cacao, les autorités ivoiriennes ont entrepris la distribution de cartes électroniques aux producteurs. Ces cartes permettent non seulement de les identifier, mais également de tracer et de suivre les fèves de cacao depuis les plantations contribuant ainsi à se conformer aux exigences du RDUE, à lutter contre la déforestation et à améliorer les conditions de vie des producteurs.
Du côté du café, le processus de traçabilité est similaire à celui du cacao, avec une attention particulière à la qualité des grains. En outre, la mise en place de systèmes de certification pour le café durable est essentielle. Par conséquent, le suivi des lots de café de la plantation à l’exportation est crucial. Ainsi, les objectifs consistent à promouvoir des pratiques agricoles durables, à garantir la qualité du café ivoirien et à accéder aux marchés de niche du café durable.
Quant au beurre de karité, la traçabilité des noix, de la récolte à la transformation, est primordiale. Il est essentiel de vérifier que les pratiques de récolte respectent les ressources naturelles. Par ailleurs, la certification des produits issus de filières équitables vient renforcer ce processus. Ainsi, les objectifs sont multiples : préserver les ressources naturelles, soutenir les communautés locales et garantir la qualité du beurre de karité. Pour mieux comprendre le processus, vous pouvez consulter cette vidéo explicative montrant le fonctionnement d’un code apposé sur une boîte de beurre de karité, développé par l’entreprise ICT4DEV. Ce système innovant permet d’assurer la traçabilité et la transparence tout au long de la chaîne de valeur.

La formation des producteurs aux nouvelles technologies utilisées, la coordination entre les différents acteurs de la chaîne demeurent néanmoins les défis à relever pour atteindre les objectifs de durabilité des filières cacao, café et beurre de karité. Avec le soutien de partenaires internationaux et l’engagement du gouvernement, la Côte d’Ivoire est en phase à une agriculture respectueuse de l’environnement et plus rentable pour les producteurs.
Un processus digital au service de la transparence
Dans les filières café, cacao et karité, la transparence n’est plus une option. Elle devient une exigence.
Elle répond ainsi aux exigences des consommateurs et des marchés internationaux concernant l’origine et les conditions de production des matières premières ivoiriennes d’une part, et d’autre part, aux défis environnementaux auxquels la Côte d’Ivoire fait face.
Concrètement, chaque parcelle agricole est cartographiée et chaque producteur enregistré dans une base de données centralisée. Les informations collectées incluent les pratiques agricoles utilisées, les conditions de travail, les dates de récolte et les lieux de stockage. Ces données sont ensuite partagées via des plateformes en ligne et des applications mobiles, permettant une vérification en temps réel de la conformité aux normes de durabilité. Des outils comme les QR code, les codes-barres, puces RFID ou de systèmes de géolocalisation ou encore la blockchain sont de plus en plus utilisés.
Le gouvernement ivoirien a adopté la norme ARS-1000, qui impose des exigences en matière de traçabilité à tous les producteurs et opérateurs de la filière cacao. Aussi, la Côte d’Ivoire collabore étroitement avec l’Union européenne pour mettre en œuvre des mesures de traçabilité et se conformer aux exigences du RDUE.
Cette approche de traçabilité va bien au-delà d’un simple outil. Elle répond aux besoins des marchés mondiaux, protège l’environnement et améliore le quotidien des producteurs. En investissant dans ces systèmes efficaces, la Côte d’Ivoire peut devenir un leader mondial de l’agriculture responsable.
Pour se faire, Cinq chantiers prioritaires se profilent pour l’agriculture ivoirienne : améliorer les systèmes de traçabilité actuels, adopter des technologies comme la blockchain, renforcer la collaboration entre acteurs, former les producteurs et bénéficier du soutien international.
Bien qu’elle soit peu connue, la traçabilité agricole ivoirienne est en pleine mutation. Cette révolution montre qu’il est bel et bien possible de concilier innovation technologique et agriculture traditionnelle.
Maxime ADON