Dans le cadre du Projet TERRA AFRICA, organisé par CFI, les bénéficiaires des Medias ivoiriens de ce projet ont effectué une visite de découverte au Centre National Floristique de Côte-d’Ivoire, un centre de conservation de la flore.
Situé au sein de l’Université Felix Houphouët Boigny de Cocody à Abidjan , le Centre National Floristique (CNF) a été créé par le professeur Aké Assi Laurent en 1973, et est aujourd’hui relié directement à l’Unité de Formation et de Recherche (UFR) des Biosciences de ladite Université.
Pour la petite histoire, le CNF était un espace de l’UFR légué lors de la création de l’unique Université en 1964, dans le cadre du reverdissement de l’espace universitaire. Pour cela, le Professeur Aké-Assi Laurent a fait des choix des plantes combinées avec les plantes exotiques sur l’espace abritant jadis un village appelé Agbekoi qui, par la suite, fût relocalisé dans la commune d’Abobo.
Le CNF est constitué de deux grandes composantes : la composante vivante et la composante inerte. La composante vivante comprend l’arboretum et la jachère ; l’arboretum étant constitué des arbres d’espèces collectées depuis leurs habitats naturels (soit dans des forêts et s’entendant sur 4 hectares) , et la Jachère qui s’étend sur 5 hectares.
L’arboretum est riche de 445 espèces réparties en 324 genres et 99 familles selon nos sources. Les familles les plus importantes en nombre sont celles des Rubiaceae (32 espèces, soit 7 %), des Euphorbiaceae (28 espèces, soit 6 %) et des Caesalpiniaceae (22 espèces, soit 5 %). L’arboretum comprend également 91 espèces à statut particulier dont 54 espèces endémiques, 19 espèces jugées rares, devenues rares et/ou menacées d’extinction de la flore ivoirienne (AA) et 34 espèces appartenant à la liste rouge des espèces vulnérables ou en danger de l’UICN (2018).
La jachère compte 179 espèces réparties en 130 genres et 58 familles. Les familles les plus abondantes en espèces sont les Leguminosae (28 espèces, soit 16 %), les Apocynaceae et les Malvaceae (dix espèces chacune, soit 6 %), les Poaceae (huit espèces, soit 4,5 %) et, les Rubiaceae, les Menispermaceae et les Euphorbiaceae (sept espèces chacune, soit 4 %). Elle compte aussi 30 espèces à statut particulier dont 22 espèces endémiques, quatre espèces jugées rares, devenues rares et/ou menacées d’extinction de la flore ivoirienne (AA) et huit espèces sont présentes sur la liste rouge des espèces vulnérables ou en danger de l’UICN (2018)
La partie inerte est constituée de deux composantes qui sont une capothèque qui regroupe un ensemble de plantes séchées, et l’herbier, composé des parties de plantes séchées rangées et qui constitue la carte d’identité de chaque plante répertoriée.
L’herbier, une collection des plantes séchées du CNF comprend 29 362 spécimens correspondant à 18 832 occurrences. Les spécimens sont repartis en 4 257 espèces appartenant à 1 485 genres et 226 familles.
Le jardin botanique renferme 555 espèces végétales réparties en 380 genres et 103 familles. Il compte 127 espèces à statut particulier dont 79 espèces endémiques, 49 espèces inscrites sur la liste rouge de l’UICN et 27 espèces figurant sur la liste d’Ake-Assi Laurent qui date de 2001.
Selon Emma Aké Assi, Professeure titulaire de Botanique, l’herbier permet de retracer l’histoire de la flore et permet également d’identifier et de conserver les espèces d’arbres.
Au regard de la biodiversité, trois principaux services écosystémiques ont été identifiés outre les services de soutien, les services de régulation, d’approvisionnement et culturels. En effet, les végétaux au niveau du CNF participent à la régulation du climat par la séquestration du carbone et la purification de l’air. Par ailleurs, ce jardin botanique est riche en plantes médicinales et procure plusieurs bénéfices aux populations dont la recherche scientifique, les visites guidées, l’accès à la nature pour les loisirs et l’écotourisme, la beauté des paysages, les formations à la culture des champignons comestibles donc à la lutte contre la pauvreté, et l’éducation environnementale.
Malgré son importance environnementale , le CNF présente des limites, notamment l’existence dans l’herbier de plantes non identifiées.
Docteur Papa Abdoulaye FALL, Enseignant Chercheur à l’Université de Thiès au Sénégal, a souligné l’importance du centre pour le pays sur le plan environnemental, d’autant plus que ce centre de conservation est une bibliothèque de par ce qu’il renferme l’herbier et le jardin botanique.
Pour lui, il serait important de voir comment ce centre important peut prendre en compte les autres espèces existant en Côte d’Ivoire.
Lors de cette visite, le Docteur Fall a regretté le manque de collaboration entre les différentes universités dans la recherche et la conservation des espèces dans la sous-région.
‘’En termes de lutte contre les changements climatiques, aucun moyen n’est à négliger. Il faut donc plus de financement et de collaboration pour les recherches scientifiques’’ , a-t-il soutenu.
Le centre regroupe en son sein plus de 10 chercheurs engagés. Cependant, les difficutés qui entravent la bonne évolution de ce centre sont multiples, dont entres autres, le manque de personnel. Déplore le professeur Aké N’cho, notre principal interlocuteur pendant la visite de l’herbier qui regroupe plus de 3000 plantes.
RANDOHLE.A