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Femmes et changement climatique : une vulnérabilité accrue et des réponses adaptées

Le changement climatique, un phénomène global aux effets variés, a un impact particulier sur les femmes en raison de leurs rôles sociaux et économiques particulier. Bien que ce phénomène affecte tous les êtres vivants, les femmes, souvent considérées comme les plus vulnérables, se trouvent au cœur de ces défis.

Selon l’Experte en genre Sophiatou Babaedjou, les femmes, en particulier dans les communautés rurales, sont responsables de nombreuses tâches essentielles liées à la gestion du foyer, telles que la collecte de l’eau, la préparation des repas et le soin des enfants. 

« Le changement climatique intensifie ces responsabilités en modifiant les conditions climatiques et en limitant l’accès aux ressources naturelles », a-t-elle affirmé, lors d’un panel tenu récemment à Abidjan-Cocody sous le thème : « Genre et changement climatique, adaptation et résilience des communautés et des femmes », à l’initiative de l’Association Initiatives pour le Développement communautaire et la conservation de la Forêt (IDEF).

Elle a par ailleurs, indiqué que dans les zones sans services hydrauliques adéquats, les femmes doivent parcourir de longues distances pour obtenir de l’eau, une tâche devenue encore plus ardue avec les variations climatiques. « Ces déplacements prolongés augmentent leur charge de travail, impactent leur santé physique et mentale, et peuvent entraîner des tensions au sein des familles. L’épuisement accru peut conduire à des conflits domestiques et même à des violences conjugales, exacerbant la vulnérabilité des femmes », a-t-elle fait remarquer.

À cela s’ajoutent les catastrophes climatiques telles que les sécheresses et les inondations qui affectent directement la production agricole, essentielle pour la sécurité alimentaire, ainsi que les pluies irrégulières ou excessives qui détruisent les récoltes et aggravent la situation économique des femmes, surtout dans les régions où elles dépendent des cultures maraîchères pour leurs revenus.

La dimension genre du changement climatique

Danielle Kouakou, Responsable du genre au Fonds Interprofessionnel pour la Recherche et le Conseil Agricole (FIRCA), a à son tour, souligné l’importance d’intégrer une perspective de genre dans la gestion du changement climatique. En Côte d’Ivoire, les femmes gèrent environ 60 à 80% de la sécurité alimentaire et occupent une place centrale dans le secteur informel. Cependant, elles font face à des défis spécifiques notamment l’accès aux ressources, le calendrier agricole et l’exposition aux risques.

« Les femmes ont souvent un accès limité aux terres agricoles, et celles qu’elles possèdent sont généralement moins fertiles. Les terres situées en bordure des routes ou près des cours d’eau, plus vulnérables aux vols et aux catastrophes naturelles, sont souvent attribuées aux femmes, tandis que les terres plus productives sont réservées aux hommes. Les changements climatiques perturbent les calendriers agricoles traditionnels, compliquant la planification des plantations et des récoltes. Cela entraîne des pénuries alimentaires et affecte la sécurité économique des familles », a-t-elle expliqué. Elle a également mentionné les expositions aux produits chimiques nocifs utilisés dans les cultures pour compenser les effets néfastes du changement climatique. Cette exposition, souvent due à des pratiques rudimentaires, peut entraîner des problèmes de santé, notamment la stérilité féminine.

Réponses et solutions adaptées

Afin d’atténuer les impacts du changement climatique sur les femmes, des solutions ciblées et adaptées ont été mise en place. Le FIRCA initie plusieurs initiatives pour soutenir les femmes dans le secteur agricole. Parmi celles-ci figurent l’évaluation genre, les technologies adaptées, le renforcement des capacités et le soutien aux activités génératrices de revenus.

L’évaluation genre permet d’effectuer des évaluations initiales pour comprendre les rôles et les besoins spécifiques des hommes et des femmes dans chaque communauté. Cette approche permet de définir des solutions adaptées à chaque groupe avant l’introduction de nouveaux projets.

Les technologies adaptatives sont des projets technologiques comme la « rizipisciculture » et la technologie « pluie solide ». Elles facilitent l’accès à l’eau, améliorent la productivité agricole et sont particulièrement bénéfiques pour les femmes et les jeunes producteurs.

Le renforcement des capacités destiné aux acteurs du secteur agricole fournit des formations sur les techniques agricoles, la gestion financière et les pratiques de conservation des ressources naturelles.

Le soutien aux activités génératrices de revenus vise à soutenir les activités génératrices de revenus, telles que la production de savon traditionnel. Via ce projet, le FIRCA aide les femmes à diversifier leurs sources de revenus et à réduire leur dépendance aux cultures vulnérables aux changements climatiques.

Sophiatou Babaedjou a également souligné l’importance de sensibiliser les femmes aux dangers des produits chimiques et de les former à la gestion durable des ressources naturelles. « En éduquant ces femmes, nous éduquons des familles. Utiliser des visuels d’instruction (à faire, à ne pas faire) peut aussi renforcer cette prise de conscience. Bien que les femmes soient souvent conscientes des dangers, elles tendent à minimiser les risques. Il est donc crucial de leur faire comprendre que de petits changements peuvent significativement améliorer leur sécurité et leur santé », a-t-elle conseillé.

Marina Kouakou